Dans sa quête d'une limitation des risques liés aux dangers naturels et d'une plus grande autonomie alimentaire, nos arrières-grands-parents entreprirent la grande correction du Rhône. Cent ans plus tard, nos parents décidèrent d'y apporter quelques sécurisations supplémentaires, mais ce n'est qu'au début de ce millénaire que fut élaboré l'ambitieux projet R3 désormais largement contesté pour son emprise sur des terres imprégnées de la sueur de nos aïeux. Lon nous annonce la remontée du moustique tigre vers le nord ; je suppose qu'il s'y plaira chez nous.
Pour mieux asseoir la nécessité dudit projet, nos autorités l'ont désormais accompagné d'une nouvelle carte des dangers. Nos communes de plaine voient désormais leurs mises à l'enquête suspendues à la validation d'un nouveau plan d'évacuation intégrant ces nouvelles zones rouges. Les communes des Coteaux du Soleil n'échappent pas à la règle, elles viennent de terminer leur exercice d'évacuation.
l'EMIC n'est pas un festival
Alors que notre canton s'attache à mettre en application la nouvelle organisation de protection de la population, les communes d'Ardon, Chamoson, Vétroz et Conthey perfectionnent leur État-major intercommunal des Coteaux du Soleil (EMIC) ; une structure s'appuyant sur les dispositions cantonales définissant l'organisation en cas de catastrophe. L'exercice d'évacuation de la zone rouge de la commune de Vétroz va être réalisé sous son commandement. A sa tête figurent des hommes dotés d'une forte expérience, qu'il s'agisse du domaine militaire ou de la protection civile.
au coeur de l'exercice
Mercredi 9 novembre 07 h 20, poste de commandement de l'EMIC à Erde, une quinzaine de personnes s'activent à l'éveil de leur abri. Dans une salle, le service de renseignement placarde des cartes et des documents destinés à leurs activités. Plus loin, le service de la télématique et de l'information procède aux derniers contrôles. Dans d'autres pièces, un secrétariat, des hommes de la logistique, un responsable des opérations, un adjudant et d'autres personnes affairées à leurs tâches.
07 h 30, première séance d'État-major. Chacun prend place autour d'une table de la salle principale. En retrait, adossés au mur, Messieurs Zen-Ruffinen et Tille, l'un détaché du canton pour contrôler le déroulement de l'exercice, l'autre ingénieur attaché au projet R3. Le commandant Gérald Glassey présente la situation : mardi £3'à 19 h 30, la cellule cantonale émet un warning météo de degré 4. Les présidents des 4 communes activent la cellule EMIC. Les services techniques et la police procèdent à la surveillance des sites critiques. Les chefs d'État-major et les membres de l'EMIC reçoivent leurs premières instructions. Aujourd'hui la situation ne s'est guère améliorée, le warning passe en degré 3. Chaque responsable fait son rapport. L'un fait état des machines de chantiers réservées, un autre détaille les moyens de transport engagés, un troisième fait état de la disponibilité des pompiers et de la protection civile. Un adjudant presse les intervenants, il tapisse les murs d'énormes formulaires et y met des annotations. Quinze minutes plus tard, le commandant clôt la séance, le fax crépite, les téléphones sonnent. Le rythme est donné, la ruche bourdonnera ainsi toute la journée, interrompue parfois par des séances d'État-major.
08 h 30, poste de commandement avancé de Vétroz
Les capitaines des pompiers, le chef de la police et les chefs de la protection civile des 4 communes sont alignés face à des cartes de la région. Les commandants Girod et Glassey vérifient l'état des préparatifs. Les rapports sont brefs et précis.
13 h 15, l'alarme rouge est déclenchée, une digue a cédé, la centrale EMIC est submergée de demandes, 112 hommes sont sur pied, Vétroz sollicite des pompiers supplémentaires. Six heures sont désormais disponibles pour évacuer une zone d'un millier de personnes et 250 animaux. Les hommes de la protection civile ferment le secteur. Des barrières sont posées en bordure de route (exercice oblige). Un véhicule muni d'un haut-parleur tourne dans la zone à évacuer. Des véhicules légers circulent dans les rues, ils sont chargés de récupérer les évacués. Un car chahuté par les chicanes et les dos d'âne fait la navette entre les places ; il ramène les évacués sur l'arrière. Par petits groupes, les pompiers quadrillent la zone. À la présence d'habitants, il leur est proposé l'évacuation assistée, indépendante ou le refus validé par une signature. Il fait beau, il fait chaud, nous sommes mercredi après-midi, nombre d'habitants ont déjà pris les devants, ils ont quitté le quartier.
16 h 15, fin de l'exercice, l'évacuation est terminée. 54 personnes auront accompagné la protection civile. Nous les avons rencontrées sur une place, certaines attablées jouant aux cartes, d'autres se promenant au soleil.
17 h 00, débriefing au bâtiment communal ; l'exercice est une réussite. Les présidents des communes impliquées attendent la validation du canton pour la fin novembre.
2011, journal Le Confédéré